Du samedi 24/08/2024 au mardi 31/12/2024
Le jeudi 08/08/2024
Et voilà une page qui tourne… Eliane Bar est décédée ce jeudi 8 août 2024.
Dès sa tendre jeunesse, les BD et Comics l’ont accompagné et permis tellement de belles rencontres humaines.
Car oui, son fil de Vie était d’accompagner et de rencontrer les gens et ainsi créer son petit Monde construit sur la franchise et l’amitié.
Et c’est ainsi qu’elle avait décidé d’ouvrir sa librairie en 1981 (Forbidden World) et lui a permis de placer ses petites empreintes de pas, par-ci par-là, sans aucune prétention, dans le bel univers du 9e Art.
Que de plaisir pour elle… et si, en plus, elle pouvait voir des petites étincelles dans les yeux des autres, ce n’était alors que bonheur !
Elle ne pouvait pas s’empêcher de guider les gens, indiciblement mais discrètement, dans certains choix de Vie et de créer des rencontres qui généraient ce que j’appellerais des mini Big Bang.
Eliane avait le don de créer des passerelles entre des gens qui parfois ne se seraient même pas regardés, traversant toutes les frontières de classes et de genres. Ruant parfois dans les brancards, car sa franchise était toujours entière, comme dans son Amitié, mais jamais avec la volonté d’écraser les autres et de faire du mal. Mais simplement faire dévier les gens se dirigeant inexorablement vers un monde d’individualistes, espérant leur faire comprendre qu’il faut penser aux autres et qu’ainsi la Société sera beaucoup plus agréable.
Moi, je n’ai eu la chance de la rencontrer qu’en ’84, tout d’abord qu’en simple petit lecteur que j’étais, avide de découvrir les BD.
Je réalise maintenant qu’elle m’a influencé à m’ouvrir à d’autres univers qui sortaient des chemins classiques, sans pour autant dénigrer ceux-ci. Car, oui, il faut de tout pour créer un monde… et se nourrir de tout et de rien.
Je me rappelle encore d’une soirée de folie quand un certain JDM, devenu ami mais qui était presque encore un petit boutonneux comme beaucoup d’entre nous, était revenu un jour en lui disant « eh ! J’ai réussi à obtenir une K7 de Akira. Bon, c’est en japonais, mais cela va être trop fou » et de suite Eliane avait organisé le soir-même une mini-petite soirée en réunissant diverses personnes et nous faisant prendre de face cette grande claque. (je reconnais qu’avec du recul de quasi 40 ans, on trouverait cela risible et un peu niais, mais je vous garantis que cela a influé sur pas mal d’entre nous… ).
Avec Eliane, c’était toujours comme cela, improviser et se lancer dans tout, tête première, sans aucune arrière-pensée, simplement le plaisir de vivre des bons moments.
Et, égoïstement, une étincelle s’est créée en 1991 entre elle et moi. Ce qui nous a permis d’avoir 34 ans de bonheur. Avec le plaisir de faire tant de choses. Bon, pas comme des grands aventuriers parcourant la Planète en arpentant des contrées inexplorées ! Mais à notre petite échelle de simples petites gens, cela était déjà pas mal. Nous avions trouvé notre équilibre dans le précaire et du « faire avec » .
Car nous considérions que rien n’était immuable et certain.
Elle m’a toujours soutenu dans toutes mes décisions. Mais combien de fois m’a-t-elle rectifié et fait moduler mes choix pour finalement arriver à un résultat commun et imparable. Combien de fois, elle me disait « mais tu es fou de faire çà » et puis, après chose concrétisée, me disait « tu avais raison, mais tu vois que c’est mieux ainsi, non ? »
Et moi, combien de fois, je tentais de la réfréner dans ses ardeurs, car oui, Eliane ne pouvait s’empêcher de bousculer le Conformisme et l’Égoïsme. Entière et avec de rares compromis.
Je me souviens encore d’un cocktail pour la sortie du nouvel album Schtroumpf financier, en ’92, où elle était arrivée en charentaises (car c’était bien confortable) et qu’elle s’était ruée sur un décor qui incluait un grand coffre en bois avec plein de pièces Schtroumpfs en chocolat en me disant « eh cela fera plaisir aux enfants qui viendront prendre l’album à la librairie » , avec en arrière-plan le regard teinté de dédin de certains convives sirotant leur coupe de champagne. Et malgré sa collectionnite aiguë, elle n’en a même pas gardé une pour elle ! Car cela lui faisait trop plaisir de faire plaisir à tous ces petits lecteurs, qui maintenant sont devenus grands et qui lui ont rendu, au fil des années, le plaisir de revenir eux-mêmes avec leurs propres enfants.
Comme elle le disait tout le temps, on reçoit toujours ce qu’on donne sans compter, sans arrière-pensée. Être vrai, un point c’est tout.
Bon, je suis encore trop bavard, doit-elle se dire là-haut, je vais donc m’arrêter là.
De la part de moi et de ses deux enfants, Jean-Wallace et Sébastian, nous vous remercions tous de vous avoir rencontré pendant son court passage sur cette Planète.
Cédric
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